Bronchite vermineuse Un parasite d’été qui déborde parfois l'immunité
Fréquente lorsque la saison d’été est jalonnée de pluie, la dictyocaulose ou bronchite vermineuse, est une affection parasitaire liée au pâturage. Elle touche tous les animaux pâturant mais surtout les animaux peu ou pas immunisés, c’est-à-dire les jeunes, les premières lactations et les nouvelles introduites dans le troupeau. Le diagnostic est primordial afin de mettre en place le traitement adéquat, sans tarder.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Quand un animal tousse l’été à l’herbe... en général, peu de temps après, tout le monde tousse », analyse Alexandre Servéra, vétérinaire à Saint-Hilaire du Harcouet (50). La bronchite vermineuse, ou dictyocaulose, se caractérise, en effet, par sa grande transmissibilité et son évolution très rapide, avec de la toux et une chute de production laitière comme symptômes. Elle peut aller jusqu'à la mort de l'animal en l'absence de traitement. « Dès qu'elle est détectée sur un animal, on est souvent amené à traiter tout le troupeau », poursuit le vétérinaire.
Un strongle qui pond dans les poumons
Cette bronchite vermineuse, dite parfois bronchite d'été, fait partie des maladies parasitaires liées à la pratique du pâturage. Comme les maladies parasitaires digestives, elle est due à un strongle (ver rond ou nématode), Dictyocaulus viviparus, qui réalise une partie de son cycle dans les prairies et l'autre dans l'organisme des bovins. En l’occurrence, c'est dans les bronches que les larves infestantes évoluent en adultes et pondent leurs œufs. Ingérées avec l'herbe, elles migrent de l'intestin grêle vers les poumons via le système lymphatique puis la circulation sanguine. Ces œufs évoluent ensuite en larves, soit dans les poumons, soit dans le tractus digestif. Lorsque le bovin tousse, il expectore des larves qu'il déglutit ensuite. Ces larves finissent dans les bouses et regagnent la prairie pour évoluer vers leur stade infestant.
Des risques de débordement
L’immunité se met en place rapidement au contact des parasites mais est moins protectrice et moins durable que celle acquise face aux strongles digestifs. Elle est ainsi plus facilement « débordée », car ce parasite est très prolifique (une femelle adulte peut pondre 25 000 œufs par jour), et possède un cycle court : une nouvelle génération de parasites voit le jour tous les 3 à 4 jours entre 20 et 25°C. Quand les conditions sont favorables, avec une alternance de journées douces et de périodes humides, la progression de la population de parasites peut devenir exponentielle : on estime que 100 Dictyocaulus adultes peuvent suffire à initier un épisode clinique.
Sachant que c'est une maladie qui se recycle vite à partir de quelques animaux porteurs, il est important de veiller à l'ordre de pâturage (pas d'animaux naïfs après des porteurs latents) et à mettre en place rapidement un traitement antiparasitaire interne chez les animaux tousseurs.
« Cette maladie est assez fréquente dans notre région », intervient Alexandre Servera. « Pour la diagnostiquer, on réalise une coproscopie sur des bouses fraîches. Contrairement aux strongles digestifs, ce ne sont pas des œufs que l'on cherche, mais des larves. Elles meurent quelques heures après le prélèvement. »
Plus de dégâts là où elle est moins connue
« La bronchite vermineuse répond bien aux traitements antiparasitaires. Chez nous, les éleveurs connaissent cette affection et vermifugent rapidement lors de toux estivale. Le choix de la spécialité pour traiter Dictyocaulus se fait selon les mêmes critères que pour les autres strongles : temps d'attente, rémanence, utilisation possible lors de traitements individuels afin de traiter précocement et sélectivement les animaux excréteurs du troupeau », poursuit Alexandre Servera. Paradoxalement, c'est dans les régions où la maladie est moins présente qu'elle peut faire le plus de dégâts. En effet, ses premiers symptômes peuvent faire penser à d'autres maladies respiratoires, virales ou bactériennes. Il faut donc rapidement procéder à un diagnostic différentiel.
Pour en savoir plus, consultez le site jefaisletri.com
Pour accéder à l'ensembles nos offres :